Je sais pas trop quel titre donner. Je sais pas trop non plus dans quelle rubrique poster (Parents ? Petite enfance ?). On peut le déplacer ou le supprimer. C'est un article que je viens d'écrire sur comment modifier chez son enfant un comportement qui nous déplait et que je voulais vous faire partager.
J'apprends à mon fils à faire ses nuits
ou
Comment modifier chez un enfant un comportement qui nous pose problème
INTRODUCTION ; j'apprends à mon fils à faire ses nuits :
Depuis une semaine, mon mari et moi nous apprenons à notre fils de six mois à « faire ses nuits ».
Nous avons commencé la diversification alimentaire et nous lui donnons une compote le soir. Ça me rassure car, quand je ne lui donne plus le sein la nuit, je suis certaine qu'il n'a pas faim. Je sais intellectuellement qu'il est suffisamment gros et âgé, et que même en n'étant qu'au sein il aurait pu passer une nuit sans téter avant ses six mois. Mais avant ses six mois, je crois que je n'étais pas prête.
Maintenant je suis prête. Nous avons un « tour de rôle » et sommes "d'astreinte » une nuit chacun. Quand il se réveille la nuit nous allons auprès de son lit, nous lui disons des paroles rassurantes sans le prendre à bras puis retournons nous coucher. Si il pleure toujours ¼ d'heure plus tard, nous y retournons. Pour l'instant, la moitié des nuits il a dormi sans se réveiller de 20H à 8H, l'autre moitié, il s'est réveillé à 4H du matin (ancienne heure de la tétée) et a mis entre ½ heure et ¾ d'heure à se rendormir. Je suis certaine qu'à la fin de la semaine prochaine, quand ses grands frères rentreront de vacances, il n'y aura plus de problème et que je pourrais les faire dormir dans la même chambre, sans craindre que le petit ne réveille les grands.
A cette occasion j'ai relu des livres (« Le sommeil », de Marie Thirion ) et j'ai eu de multiples discussions avec des amies, bénéficié de nombreux conseils, souvent contradictoires bien sûr. Et j'ai réfléchi à ce que j'écrirais si je devais écrire un livre ou un article sur le sujet.
Je pense parfois à écrire un livre sur l'éducation. C'est assez prétentieux car il y en a déjà pléthore dans le domaine, et que je n'ai pas de choses nouvelles à dire, ce que je pense n'étant que la synthèse de ce que j'ai appris, entre autre par mes lectures. Mais je le dirais avec mes mots.
Que ce soit dans l'éducation ou dans la vie en général, je me réfère souvent à la prière de la sérénité, célèbre car elle clôture les séances des Alcooliques Anonymes, mais que l'on peut se donner comme objectif même si on ne croit pas en dieu et qu'on n'a pas d'addiction.
Mon Dieu, donnez moi
Le courage de changer les choses que je peux changer
La sérénité d’accepter les choses que je ne peux pas changer,
Et la sagesse d’en connaître la différence.
COMMENT MODIFIER CHEZ SON ENFANT UN COMPORTEMENT QUI NOUS POSE PROBLÈME ( Le courage de changer ce que je peux changer) :
Cette formulation est pour moi une forme de provocation car elle est en contradiction avec ma pensée. Elle présente l'enfant comme un objet sur lequel je pourrais agir, une sorte de « pâte à modeler » que je pourrais modifier à ma guise.
Je préfère penser l'enfant comme un être à part entière, en devenir, en construction, que je vais accompagner au fur et à mesure qu'il va grandir. Plutôt que de penser que je vais corriger son comportement, je préfère penser que le changement viendra de lui, et que je vais aider mon enfant à modifier lui même son comportement.
Pour aider un enfant ou un nourrisson à modifier un comportement qui nous dérange (s'endort au sein, ne fait pas ses nuits, fait des caprices ou des crises, refuse de manger ou de lâcher sa tétine...) je propose un cheminement en quatre étapes.
1/ Identifier le comportement qu'on veut voir changer, pourquoi on veut qu'il change, en quoi il nous dérange, est-ce le comportement ou les remarques de l'entourage nous dérangent, est-ce qu'on veut vraiment qu'il change, quel comportement on aimerait que notre enfant ait à la place, pourquoi... Et le dire à l'enfant ou au nourrissons (Tu te comportes de telle façon, ça me dérange pour telles raisons, je voudrais que tu te comportes de telle façon.)
2/ Faire le tour des théories, trucs et astuces, méthodes éducatives proposées par notre famille, notre culture, notre religion, nos amis, les professionnels (pédiatres, enseignants), les médias, les livres... Repérer la ou les méthodes avec lesquelles on est en accord, celle qui, instinctivement, nous parle. Celle que l'on va comprendre, dont la mise en œuvre ne nous fera pas violence, qu'on se sentira capable d'assumer, de défendre, d'appliquer. Choisir ou inventer en couple la méthode qui nous ressemble le plus, celle à laquelle on est prêt à croire.
3/ Choisir le moment où on va commencer à l'appliquer, quand on se sentira prêt, qu'on sera persuadé que notre enfant est prêt, qu'on sera assez reposé et assez disponible pour s'y mettre.
4/ Annoncer les nouvelles règles à l'enfant ou au nourrisson, et s'y tenir au moins 10 à 15 jours. Ne pas abandonner au bout de 3-4 jours sous prétexte que « ça ne marche pas » et appliquer pendant 3-4 jours une autre méthode qu'on abandonnera ensuite. Parfois, le fait d'avoir pris fermement une décision suffit à changer un comportement très rapidement. D'autre fois, l'enfant aura besoin de plus de temps pour intégrer de nouvelles règles et de nouveaux repères. Peut-être même qu'inconsciemment, il aura besoin de tester la solidité et la pérennité de ces règles.
Dans tous les cas, mettre en place un changement est difficile et provoque en nous des sentiments contradictoires. Nous éduquons nos enfants parce que nous les aimons, que nous voulons leur bien, mais nous avons parfois l'impression de leur faire du mal.
Leurs pleurs ou leurs protestations nous donnent envie de les consoler, ou au contraire, nous énerve et nous donne envie de les gronder. Nous avons parfois la tentations de nous excuser auprès de nos enfants de leur imposer un cadre que nous savons indispensable. Nous culpabilisons si nous ne faisons rien, nous culpabilisons quand nous mettons quelque chose en place.
Ça peut être rassurant pour l'enfant et ses parents de lui rappeler que l'amour parental est inconditionnel. De lui dire que c'est son comportement, et non pas lui-même, qui ne convient pas et que nous souhaitons voir changer.
NOUS NE SOMMES QUE DES PARENTS ( La sérénité d’accepter ce que je ne peux pas changer )Dans notre vie professionnelle, nous avons parfois des compétences liées à l'enfance. Nous sommes peut-être enseignant, puéricultrice, psychologue, pédiatre... Mais vis à vis de nos enfants, nous sommes juste leurs parents. Nous ne pouvons (ni ne devons ? ) être parfait dans tous les domaines.
Il y a pourtant des points sur lesquels il nous semble impossible de « céder », des choses qu'on s'interdit de faire, ou qu'on fait avec beaucoup de honte et de culpabilité.
Par exemple :
- Je ne prépare que des pâtes et du jambon à mon fils car il ne mange que ça, alors que je sais qu'il devrait manger cinq fruits et légumes par jour.
- Je fais sauter la sieste à mon enfant alors que je sais que physiologiquement- il a besoin de sommeil, mais je n'arrive pas à le faire dormir.
- Je laisse ma fille débarquer dans notre lit à 4 heures du matin et finir la nuit avec nous.
- Je laisse mon enfant garder sa tétine, boire au biberon, manger avec les doigts.
- J'emmène mon enfant à l'école en poussette ou en le portant alors qu'il sait très bien marcher, mais refuse obstinément de le faire avec moi.
- Je l'habille ou range sa chambre car il ne le fait pas seul, ou met beaucoup trop de temps.
- Je laisse mon enfant regarder la télévision pendant 2 heures car c'est le seul moyen que j'ai trouvé pour qu'il soit tranquille.
La liste pourrait être très longue...
Je crois que tant que nous ne démissionnons pas de toutes nos missions éducatives, que nous ne « cédons pas » dans tous les domaines, il n'y a rien de grave à abandonner certaines exigences. Notre éducation toute entière n'est pas mise en péril sous prétexte que nous ne sommes pas des surhommes, que nous ne sommes pas capables de tout faire, de tout assumer.
Nous nous épuisons parfois à essayer de changer un comportement de notre enfant sans y parvenir. Nous nous sentons nuls. On s'en veut, on en veut à son conjoint ou son compagnon, on en veut à son enfant.On se retrouve au centre de tensions et de conflits qui nous minent.
On s'obstine en vain à vouloir changer quelque chose sans y arriver, on se compare à tous ceux qui y arrivent, on a tout essayé, on devient sensible et à fleur de peau sur ce sujet. C'est une obsession, on n'est plus capable d'avoir une autre relation avec notre enfant, voire avec notre compagnon.
Abandonner la lutte, temporairement ou définitivement, est parfois salvateur.
C'est une façon de passer à autre chose, de découvrir ou redécouvrir d'autres aspects de la personnalité de notre enfant. De voir en lui du positif au lieu de se focaliser sur un point négatif.
En baissant son niveau d'exigence, en faisant preuve d'humilité, en acceptant simplement d'être les parents imparfaits d'enfants imparfaits, on peut faire retomber la pression. On peut instaurer une nouvelle relation (centrée sur la joie, l'amour, la fierté) avec notre enfant.
Mer 7 Avr 2010 - 11:39 Nounouche94