« Bientraitance » des tout-petits : les porter, en douceur, vers l’autonomieLe 20 novembre, c’était la journée des droits de l’enfant.
À cette occasion, a été diffusée une émission sur la « bientraitance des tout-petits » sur le réseau RCF (http://www.rcf.fr).
Un nouveau-né est à la fois dépendant et doté de capacités sensorielles et motrices étonnantes.
Des paroles enveloppantes, des gestes lents, une façon de le porter sécurisante vont accompagner en douceur son développement psychomoteur.
Et porter l’enfant vers l’autonomie.
À la fois dépendant et autonomeComme le rappelle Jocelyne Roux-Leuvrart, psychologue membre de l’association Pickler-Loczy (qui s’appuie sur les travaux d’Emmi Pickler, pédiatre hongroise, sur la motricité libre et sur son expérience de Loczy, une pouponnière qu’elle a fondée et dont le fonctionnement repose sur une attention personnalisée et des interrelations chaleureuses), et invitée de l’émission : « un nouveau-né est en totale dépendance de l’adulte.
Et cela, les parents doivent le comprendre et l’accepter.
Mais il est aussi, à l’intérieur même de sa dépendance, autonome à sa façon.
Regardez comme un petit bébé observe sa main ou la pose sur le sein de sa mère.
Il est très important de voir les capacités du nouveau-né très tôt afin d’accompagner leur développement. »
Un bain de langageMême s’il ne comprend pas la signification des mots, le tout-petit est sensible à la tonalité, au rythme de la voix et au regard de la personne qui s’occupe de lui.
« Le bébé comprend le langage corporel, la mimique du regard et du visage », confirme Anna Pirelli, invitée de l’émission, sage-femme cadre de la santé dans un espace de petite enfance dans l’Ain et auteure de l’ouvrage Porter l’enfant vers son autonomie.
Parler à son bébé, accompagner chacun de ses gestes d’un bain de paroles enveloppantes est primordial pour sa construction psychique.
« Les mots qu’il entend vont l’aider à se préparer aux soins qu’il va recevoir, à la façon dont sa journée va se dérouler », confirme la sage-femme.
Des gestes lentsToujours précédés de paroles, les gestes avec un tout-petit doivent être lents.
« C’est une forme de respect par rapport à son corps, souligne Anna Pirelli.
En agissant lentement, sans le brusquer, l’adulte va laisser à l’enfant le temps de réagir à ce que l’on va lui faire. »
Une lenteur qui n’est pas toujours au rendez-vous, au sein des maternités.
Aspiration, désinfection oculaire, mesure, poids et bain sont encore le lot de bien des nouveaux-nés à peine âgés de quelques minutes.
« Il y a eu des améliorations dans la façon dont est posé aujourd’hui le geste médical sur les bébés, analyse la sage-femme. Mais de gros progrès restent à faire. »
Bébé bien porté, bébé sécurisé et ouvert sur le mondeJocelyne Roux-Leuvrart et Anna Pirelli rappellent combien il est important d’être sécurisant dans la façon de porter son bébé.
« Son dos et sa nuque doivent être très bien tenus.
On le sait, l’angoisse de la chute existe chez le tout-petit.
Grâce à cette enveloppe corporelle de l’adulte, il va développer un sentiment de sécurité intérieure. »
Quand bébé n’est pas les bras de ses parents, il appréciera d’être posé à plat dos dans son lit ou sur un tapis d’éveil.
« Sur le sol, le tout-petit a tous ses appuis. Il est en parfait équilibre.
Pour qu’il ait du répondant à ses mouvements de pied, le sol sur lequel il repose ne doit pas être trop mou. »
Son corps au repos, sécurisé, il va pouvoir s’intéresser au monde et explorer.
Cela débute par la découverte de ses mains. Son premier jeu finalement, plus riche en enseignements que n’importe quel hochet multicolore ou boîte à musique.
« On déplore aujourd’hui une surstimulation des petits, note Anna Pirelli.
Il faut au contraire laisser l’enfant agir de lui-même.
Il va rassembler ses mains, les éloigner.
Elles vont constituer un intermédiaire entre lui et le monde. C’est en les mettant ensuite à la bouche qu’il aura la première conscience de lui-même. »
Emmanuelle Sampers
Source : Grandir Autrement